Le support aux Agriculteurs Paysans en monoculture
La France est passée de 4 milliards de collemboles et acariens et entre 1 et 4 tonnes de verres de terre à l’hectare dans sa SAU (Surface Agricole Utile) en 1950, à plus du tout de collemboles, quelques acariens et moins de 5 kilogrammes de vers aujourd’hui, en 2015. La matière organique dans le sol est passée de 4% à 1.3%. La déminéralisation qui en suit pollue la nappe phréatique et libère l’argile qui disparait dans la mer. Un effondrement constant de la vie du sol qui se traduit par la disparition de la faune qui en dépend.
Source : Claude et Lydia Bourguignon.
La ferme propose de l’aide à la mise en place de solutions durables aux paysans pratiquant la monoculture intensive, désireux d’augmenter le taux de matière organique dans leurs sols, sans compromettre le bénéfice de leurs exploitations, en allant simplement à la rencontre des besoins de leurs terroirs pour pérenniser leur activité et celle des générations à venir.
Le paysan, en contrepartie, doit réapprendre la technicité de son métier au travers par exemple de rotations plus complexes. Il doit pouvoir être fier de produire une nourriture de haute qualité, qui aide les sols à bien se porter et nous tous à garder une bonne santé !
Voici, en 13 points, une aperçue, non exhaustive, des aides et du support que la ferme peut mettre à disposition, et les démarches les plus courantes que les agriculteurs doivent adopter afin d’augmenter la vie biologique de leurs sols :
1) Faire un état actuel des lieux. Le laboratoire de la Ferme est mis à disposition pour analyser ensemble l’état biologique du sol, la faune, le PH et le taux de matière organique, pour faire le point, ou périodiquement pour l’acquisition d’une courbe d’évolution.
2) Inviter régulièrement des agronomes indépendants pour des analyses physiques, chimiques et biologiques poussées des sols agricoles, en profondeur, au-delà de la semelle de labour. Ils peuvent aussi animer des séminaires, congrès et conférences, à la ferme ou dans l’une des salles polyvalentes de la Communauté de Communes de Val de Voise, ou au Manoir de Pont, pour guider et conseiller les fermiers que nous sommes et les paysans céréaliers qui nous entourent, vers une agriculture plus consciencieuse, raisonnes, vivante et pérenne.
3) Ne plus labourer. Ne plus enfuir sous terre la matière organique, y compris les chômes et les engrais vert. C’est l’acte le plus énergivore pour le tracteur qui se met à consommer comme un poids lourd en côte sur l’autoroute ! En plus, en anaérobie la matière organique minéralise le sol, et les minéraux, avec l’eau de pluie, précipitent vers la nappe phréatique en la polluant. Le complexe argilo-humique, ainsi appauvri, laisse partir l’argile à la mer sous le phénomène de l’érosion. Constamment déstructuré, le sol, ne peut pas se remettre de bout tant que l’homme continue de lui mettre la tête à l’envers et de le.
A droite une vidéo très intéressante au sujet
4) Baisser voir ne plus utiliser de pesticides, fongicides, herbicides qui ne vont pas à l’encontre de la vie du sol et qui tuent les mauvais champignons comme les bons, leur copain, les copains des copains et leurs connaissances. Au contraire, favoriser le plus de biodiversité possible pour augmenter la capacité d’autodéfense des cultures. Aller à l’encontre de l’équilibre biodynamique du sol. Le désherbage se fait grâce à un pilotage différent du système agricole ;
5) Apporter du mulch, du BRF, de la matière organique, à la surface du sol uniquement, pour stimuler et inviter à table toute la faune en attendant le grand retour du vers de terre, équivalent de la baleine dans les océans, grand laboureur et créateur des sols ;
6) Baisser progressivement les apports en engrais jusqu’à leur élimination totale, au fur et à mesure du réveil de la vie et de l’auto fertilisation du sol ;
7) Laisser en place les chômes, les plus haute possible lors de la moisson d’une céréale. Leurs racines mortes vont nourrir la faune endogée du sol qui creuse aussi des nouveaux tunnels qui facilitent l’oxygénation, la capacité d’absorption de l’eau de pluie et l’enracinement des cultures à venir. Les chômes vont progressivement se coucher d’elles mêmes pour nourrir la faune épigée, les microbes et les champignons. Tout ce beau monde travaille à la place du paysan et remplace le labour tout en aérant et en restructurant le sol ;
8) Semer directement un engrais vert lors de la moisson, par l’arrière du tracteur, directement sur les chômes en place, avec un semoir à disque. Ce couvert végétal se chargera, par ses racines, de casser encore plus, aérer et labourer le sol en profondeur, naturellement, tout en y apportant de l’azote (par échange avec les champignons au niveau des racines et par la masse végétative qui se décomposera sur place plus tard ) et en protégeant le sol du rayonnement direct du soleil, de l’évaporation et de l’érosion. Un sol nu est un sol ou 100% du capital végétatif a été enlevé (l’opposé extrême de la permaculture) ! Le sol ne doit jamais se retrouver à nu tout comme un homme ne doit pas se promener à poil dans le désert à midi !
9) Pratiquer le semi direct sous couvert végétal. Certains agriculteurs ont bien compris l’intérêt et l’importance de semer un engrais vert. De la moutarde par exemple entre un colza et un blé. Quand il est temps de semer le blé il faut alors coucher mécaniquement la moutarde avec un simple rouleau à l’avant du tracteur. Par la même occasion on sème directement le blé à 2cm de profondeur, par l’arrière du tracteur, en un seul et unique passage ou l’engin ne fait que rouler et ne consomme que 30 à 50 litre de gazole à l’hectare. La moutarde, aplatie par le rouleau, en a déjà pris une grosse claque, l’hiver arrive et elle se couchera au premières gèles, au contraire du blé qu’elle va protéger. Ses restes (hors sol et sous sol) participeront au festin général de la faune du sol et à sa restructuration. Et tant pis si les voisins se moqueront en voyant un champ qui n’est jamais dans un état nickel propre, d’une couleur marron uni, sans vie végétale ! Un sol doit toujours vivre !
10) Revenir à une rotation de cultures plus complexe et raisonnée en fonction de l’état du sol. Les avantages de la rotation culturale sont nombreux. En voici quelques uns : rompre le cycle vital des organismes nuisibles aux cultures, notamment les arthropodes et les champignons – certaines plantes ont un effet répressif notoire sur les ravageurs (radis chinois, moutarde, sarrasin …) – la succession de plantes de familles différentes (blé et colza par exemple) permet de rompre le cycle de certaines adventices – grâce aux systèmes racinaires différents, le profil du sol est mieux exploré, ce qui se traduit par une amélioration des caractéristiques physiques et structurelles – l’alimentation hydrique et la capacité d’exploration du sol de la part des cultures sont ainsi améliorés – un effet important et positif sur l’activité biologique du sol et la nutrition des plantes. wikipedia/Rotation culturale
11) Les intercalaires. Aider à la réintroduction des cultures dites « intercalaires » comme la Luzerne ( Medicago Sativa, ou alfa-alfa, « Reine des plantes fourragères », « grand trèfle », «foin de Bourgogne » ), qui produit plus d’azote qu’elle n’en consomme, classifiée donc parmi les engrais vert. C’est une plante herbacée fourragère de la famille des fabacées, très productive, très résistante à la sécheresse, très riche en protéine, riche en vitamines et en sels minéraux et aussi utilisée en diététique humaine. Elle est très cultivée pour sa richesse en protéine (pour un taux compris habituellement entre 15 et 25%) et ses qualités d'amélioration des sols. Abondamment répandue dans les contrées tempérées, tant à l'état sauvage que cultivée, la luzerne est très utilisée pour l'alimentation du bétail car elle est une véritable source industrielle de protéines et de carotène. Sur la commune de Bailleau Armenonville il y à une ferme bovine, potentiel client à qui pourrait intéresser l’achat de luzerne locale en circuit court si la ferme pédagogique lui en propose pour la saison prochaine. wikipedia/Luzerne
12) La valorisation du travail de paysan, à travers la technicité nécessaire à la mise en place de rotations culturales complexes, l’observation des phénomènes naturels et des interactions intimes d’un écosystème productif qui s’exprime sur son terroir, pour chercher le parfait équilibre entre la culture et l’état de santé du sol, tout en limitant au maximum l’intervention directe.
13) Accompagner l’agriculteur durant la transition, qui se fait en douceur, sur des petites parcelles et sur des cycles de rotation de trois ans minimum. Au travers de l’expérience acquise par d’autres agriculteurs.
Couverts végétaux, pour qoui ?
Outils pour détruire un engrais vert
Test de stabilité structurale
Colza sans désherbage
Mini coûts de production
Révolution des sols vivants
Conclusions
Les résultats de la mise en place de systèmes vertueux de production agricole, le non labour, les Techniques Culturales Simplifiées (TCS), l’Agriculture de Conservation (AC), les Techniques Culturales Sans Labour (TCSL) et le Semis Direct Sous Couvert Végétal, se traduisent par :
| Moins de matériel agricole (et/ou différent) | Moins de gazole | Moins d’heures sur le tracteur | Moins d’eau | Moins de phytosanitaires | Moins de dépenses | Pas de lessivage | Pas de phénomène de battance | Pas d’érosion du sol | Pas de semelle de labour | Pas de minéralisation du sol | Pas de pollution de l’eau |
| + de stratégies complexes et naturelles pour atteindre l’équilibre biodynamique du terroir | + de sécurité face aux aléas climatiques (sécheresse, excès de pluie) | + d’eau qui rejoigne la nappe profonde | + de matière organique dans le sol |+ de qualité dans l’assiette | + de santé pour l’agriculteur en première ligne comme pour le consommateur en bout de chaine | + de bénéfices | + de valorisation du travail du paysan | + de satisfaction et fierté personnelle |
Et oui, le bénéfice c’est important, même plus que le chiffre d’affaire globale de l’exploitation ou du rendement brut à l’hectare de blé, si on y réfléchit bien ! Le bénéfice n’est que la différence entre les recettes et les dépenses, n’est-ce-pas ? Admettons même que d’un coté les rendements puissent légèrement baisser dans un premier temps, c’est vrai que de l’autre coté les dépenses chutent beaucoup plus vite ! La cuve à gazole qu’il fallait remplir trois fois par an est encore à moitié pleine ! Le résultat est une augmentation du bénéfice net de l’agriculteur malgré un chiffre d’affaire de l’exploitation parfois en légère baisse, souvent en hausse ! Tout cela sans considérer que les produits issus des sols vivants ont une qualité alimentaire supérieure et donc une valeur marchande supérieure. Toujours le bon sens de produire moins et mieux, mais dans ce cas tout en y gagnant plus.
Un sol vivant a lui aussi une valeur marchande plus élevée qu’un sol qui a perdu sa faune. Un sol vivant donnera toujours plus de rendement et de façon pérenne comparé à un sol rendu stérile par des décennies de labour et de phytosanitaires.
La Création de Circuits Courts
La valorisation de la matière première grâce à la Filière de Transformation Locale
Une fois capable de produire, tout en améliorant l’état du sol, le jardin peut aider à la création de circuits courts pour la valorisation de la matière première paysanne de haute qualité. En voici trois exemples :
1) Production d’un mélange d’huiles riches en oméga 3 à partir de colza, lin, mais et tournesol non traités, aromatisées avec les plantes officinales de la ferme biologique ;
2) Production de farine complète et de pain en partant du blé non traité (y compris après récolte), enrichi de graines de lin et tournesol, en créant des liens direct entre paysan/moulin/réseaux-de-boulangeries-locales, désireuses elles aussi de s’investir dans une filière courte, durable, à la traçabilité claire, de grande qualité nutritionnelle et donc sanitaire, vertueuse, équitable, locale et propre ;
3) Production de bière en partant de l’orge produit sur la commune, avec le partenariat de la malterie Boortmalt, à Issoudun (Indre). La Brasserie de la Pigeonnelle, à Céré la Ronde 37460, entre Blois et Tours, qui produit la tant localement célèbre « Loirette 5.5°» et la « Bière du Chameau » qui titre 3°, est intéressée par l’achat de malt bio en circuit court dans la région Centre, pour affirmer encore plus son caractère locale. En 2014 les besoins en malt de la brasserie s’élevaient à 55 tonnes, en hausse constante, ce qui représente pour le paysan de Bailleau Armenonville une surface d’environs un hectare, voire un et demi. Et nôtre bière locale, « L’Eurelienne » ? On leur pose la question ?
La ferme vit du circuit court et conseille aux paysans de garder au moins une partie de leur activité au circuit court de qualité. Le travail de toute la filière en est valorisé mais surtout celui du paysan qui, en accord avec son terroir unique, participe en première personne à la réalisation de produits uniques.
Le paysan peut avoir un rapport direct, tangible et enrichissant avec qui consomme les produits issus de ça production. La matière première ne coulera pas dans ce cas dans les immenses réservoirs de la grande distribution, anonymes et impersonnels, ou un grain de blé n’est rien d’autre qu’un grain de blé.
Ugo Cassanello